UN DIEU À SOI

Comment j’ai acheté un dieu pour créer ma religion (et devenir riche)

Traduit de l'espagnol par Guillaume Contré
Acheter un dieu en Inde, concevoir une Église dans la Silicon Valley et lancer une religion mondiale à New York. Entrez dans la conjuration !

Face à la crise de foi que le monde traverse, Juan Pablo Meneses abandonne son poste de rédacteur en chef et part en Inde pour trouver un dieu esseulé, adoré de personne, afin de se l’approprier et de fonder sa propre religion. Une fois son dieu en poche, il s’envole pour la prestigieuse école de commerce Stanford où il conçoit son Église à la manière d’une start-up, puis il achève son périple à New York où il inaugure en grande pompe sa religion le jour du Black Friday. Enquête loufoque aux accents de conte philosophique, Un dieu à soi est une véritable épopée et une réflexion sur la croyance, l’hyperconsumérisme et l’avenir du journalisme dans un monde surmonétisé.

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Juan Pablo Meneses est né au Chili en 1969. Écrivain et journaliste, il a publié dans les plus grands journaux et magazines sud-américains. Ardent défenseur du journalisme free-lance, il a aussi fondé l’école de journalisme en ligne Universidad Portátíl.

PRESSE

« Un dieu à soi bouscule les canons de la littérature, et Juan Pablo Meneses y a sa part de responsabilité. Il faut lire cette oeuvre, mélange de fulgurance et d'insolence. C'est un régal. »
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INFOS TECHNIQUES

LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
OBSESSIONS
978-2-38134-033-3
424 pages
24 euros
2023

De la foi disruptive

Après avoir acheté une divinité orpheline en Inde, Juan Pablo Meneses est parvenu à se faufiler dans l’école de commerce Stanford où il espère allier techniques commerciales et dogme pour y créer ce qui deviendra la religion itinérante, ouverte à tous les journalistes free-lance du monde.

Le moment était venu de concevoir mon Église.

La salle était pleine des élèves du Master of Business Administration de l’université Stanford. Il y avait là des personnes du monde entier qui avaient investi pas loin de 250 000 dollars pour venir étudier au cœur de la Silicon Valley. Nous étions dans le cours de communication stratégique de J. D. Schaumm, un professeur légendaire dans l’école. Il venait de nous annoncer que la présentation finale devrait être un projet innovant, différent, nouveau, disruptif et tant d’autres de ces joyeuses épithètes qui virevoltent dans les écoles de commerce modernes.

Schaumm s’exprimait en gesticulant beaucoup, il faisait bouger ses doigts tel un magicien en prononçant chaque mot comme si c’était le dernier qui allait sortir de sa bouche. Il exagérait son histrionisme, qui l’avait rendu célèbre au sein de la Graduate School of Business, pour nous inviter à faire quelque chose de nouveau, qui ait de l’écho. Il nous a ensuite annoncé qu’on allait devoir suivre des cours pour apprendre à faire des présentations, qu’on aurait à répéter devant une caméra, qu’on ne pourrait pas faire l’économie d’une montre, qu’on se diviserait en équipes, qu’on devrait convaincre tout le monde, que tout ce qu’on dirait serait enregistré pour toujours à Stanford et que si quelqu’un ne voulait pas, il allait devoir signer un papier où cela serait stipulé noir sur blanc.

Presque aussitôt, je me suis dit que c’était le moment d’extraire mon dieu de la valise et d’en faire quelque chose. Une fois sorti du cours, j’ai marché jusqu’au parking à vélos, enlevé le cadenas de ma bicyclette et pédalé vers le mémorial de Hoover. J’ai longé la piscine en ce jour de semaine quelconque à midi, dans cette vie nouvelle loin de mon travail de bureau. Autour de moi, je voyais des gens à vélo, sur des skates, des étudiants du monde entier, des professeurs du monde entier, des chercheurs du monde entier, des jeunes du monde entier, tous en train de réfléchir à la manière d’intégrer la légende de la Silicon Valley et de concevoir un projet pour réussir.

J’avais d’abord envisagé de refuser que mon enregistrement soit conservé et accessible aux futurs étudiants. Mais si je comptais, lors de cette présentation, rendre public l’achat de mon dieu, il valait mieux que la vidéo soit archivée à la Graduate School of Business. Et si jamais quelqu’un, dans cinq, quinze ou trente ans, se rendait dans le bureau des archives et demandait à consulter cette vidéo après en avoir entendu parler dans ce livre, alors il ferait partie du même credo, mais dans un autre format ; il ferait partie de notre Église, et il suivrait un dieu qui, un jour, avait été acheté en Inde pour achever une histoire, et il maintiendrait vivante la religion itinérante.

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