TOR

Treize maisons et trois morts

Traduit du catalan par Marc Audi
Marchialy-Tor
Une lutte intestine au cœur d’un territoire reculé marqué par la violence et la rancœur.

Le hameau isolé de Tor, perché dans les Pyrénées orientales, est tristement célèbre pour une série de meurtres qui ont eu lieu entre les années 1980 et 1990. À l’occasion d’un reportage en 1997 sur l’un des trois meurtres, toujours non élucidé, le journaliste Carles Porta découvre un monde à part, fait de contrebande, de manigances et de luttes internes pour la propriété de la montagne. Une enquête au long cours sur un territoire marqué par la violence, des individus aux passés troubles et aux futurs incertains, unis indéfectiblement par la rancœur et les conflits.

Lire l’entretien avec l’auteur

Marchialy-Tor

Né en 1963, Carles Porta est un écrivain, journaliste et documentariste espagnol de langue catalane. Après avoir été reporter de guerre en Bosnie, au Rwanda, au Kosovo et au Moyen-Orient il est devenu l’une des grandes plumes du fait divers en Espagne.

PRESSE

« Porta a recours aux grands atours du bon journalisme : l’audace, le risque, la ténacité, la chance, l’humour et la passion.  »
La Vanguardia

INFOS TECHNIQUES

Littérature étrangère
Fait divers
978-2-38134-421-8
345 pages
22 euros
2023

La règle des trois R.

Carles Porta est probablement le journaliste de faits divers le plus célèbre de langue catalane. Il revient ici sur le genre du true crime qui marque toute son œuvre.

Quels sont les principes éthiques que vous appliquez au cours d’une enquête et aussi lorsque que vous rendez publique des histoires criminelles ?

Il y a un principe basique qui est celui de l’honnêteté. Il faut travailler en suivant ce que j’appelle les trois R : rigueur, respect, rythme. La Rigueur : que tout ce qui est exposé soit réel, vrai et nuancé. Je passe des heures carrées sur chaque détail pour gagner la confiance du lecteur. Le Respect : envers tout le monde, d’abord pour les victimes, ce qui implique de ne pas donner de détails inutiles, éviter les aspects de la vie privée qui n’ont rien à voir avec l’affaire. C’est quelque chose que je tiens de mon passage dans la presse locale. Lorsque je partais sur un fait divers, je me disais tout le temps que je risquais de croiser un proche ou un parent des personnes impliquées. Et enfin, le rythme qui est une question formelle. J’aime captiver et accrocher le lecteur. Mais attention, car parfois le rythme est affaire de silence.

 

Y a-t-il des aspects du true crime qui vous interpellent particulièrement à l’étranger ?

Je pense immédiatement à un aspect fondamental qui est le temps que les auteurs y consacrent. Je pense que le true crime qui se pratique en Espagne n’en est pas véritablement. Il y a bien de bons reportages au long cours. Le vrai true crime se trouve à mi-chemin entre journalisme et roman, il a recours aux outils de la fiction pour raconter des faits réels. Il s’agit d’un travail de mise en narration qui nécessite cinq, six ou même dix ans. Ici, en Espagne, le mode de fonctionnement est parfois trop superficiel ; il y a plein d’articles remplis d’éléments éphémères et de piètre qualité qui, malheureusement, occultent ce qui vaut vraiment la peine. Les modes font beaucoup de bruits et ne permettent pas de travailler calmement. Cela étant dit, certaines des histoires de la série télé Crims sont des true crime, d’autres non car nous devons avancer trop rapidement.

 

Vous avez raconté des faits divers sous de nombreuses formes (radio, télé, livres, presse). Quel est le point fort de chacun de ces médias par rapport au genre en particulier ?

Lorsque j’écris, l’enjeu principal est de trouver un équilibre en émotion et tension, et faire en sorte que le lecteur puisse profiter du texte sans en sortir : si tu donnes trop d’éléments, il décroche, si tu en donnes trop peu, il n’est pas embarqué. Par conséquent, il faut générer de la complicité, le faire participer. À la radio, la relation est très intime, car elle est majoritairement écoutée de manière solitaire, avec des écouteurs. L’auditeur veut que ce soit facile, il ne veut pas réfléchir à ce qu’il se passe. Il faut tout dérouler de manière à ce qu’on ne se perde ni ne s’endorme. À la télé c’est la même chose mais ce qu’il me plait le plus c’est de faire vibrer les gens. Ce qui veut dire que nous travaillons les scénarios de manières à ce qu’ils génèrent inquiétude, peur, colère…

NEWSLETTER

Tous les mois, Marchialy vient à vous et vous informe de son actualité, ses nouveautés et prochaines parutions.

Inscrivez-vous