Anima

Une pastorale sauvage

Traduit de l'anglais par Morgane Saysana
Le retour de Kapka Kassabova : une transhumance vibrante au cœur des montagnes pour interroger notre rapport aux animaux et au vivant

Sur les hauts plateaux, Kapka Kassabova accompagne des bergers itinérants venus réinvestir la nature sauvage et vivre en symbiose avec les animaux. Ce sont les chiens, les chevaux, les moutons qui dictent leur quotidien éprouvant. Kapka Kassabova se remémore le mode de vie ancien de la transhumance, regarde le monde en train de brûler littéralement au pied de la montagne et se demande si la solution pour rendre un monde habitable n’est pas ici, dans ce lien immémorial entre la nature sauvage et l’homme. Confrontée aux besoins des animaux, à leur tendresse, à la violence de cette vie pastorale moderne, elle nous rappelle à nous-mêmes et à ce que nous sommes originellement. Grande écrivaine de la nature, Kapka Kassabova livre un récit magistral et urgent sur la nécessité de repenser notre rapport au vivant.

KAPKA KASSABOVA est l’autrice de plusieurs récits multirécompensés à travers le monde (Lisière, L’Écho du lac, Élixir). Son oeuvre interroge la façon dont l’histoire, les paysages et la nature nous façonnent en tant qu’individus. Elle vit dans les Highlands, en Écosse.

PRESSE

« Le meilleur de la littérature du réel. »
THE GUARDIAN

INFOS TECHNIQUES

Littérature étrangère
978-2-38134-057-9
544 pages
24 euros
2023

MOT DE L’ÉDITEUR·ICE

« LE MEILLEUR DE LA LITTÉRATURE DU RÉEL. » THE GUARDIAN

Kapka Kassabova est une autrice incontournable du catalogue Marchialy, tant par sa renommée mondiale que par la cohérence et la consistance de son oeuvre, qu’elle construit livre après livre. Anima, une pastorale sauvage poursuit ainsi son exploration du vivant entamée dans Élixir, qui allait à la rencontre des plantes. Cette fois, Kapka Kassabova se rend un peu plus haut dans la montagne et s’installe auprès d’hommes et de femmes qui dédient leur vie aux animaux. Ils sont, à ses yeux, les nouveaux héros de notre monde. Texte plus narratif et intime, Anima marque un tournant dans l’oeuvre de Kapka Kassabova. Sa puissance et son lyrisme l’inscrit dans la longue lignée des écrivains de la nature, avec une grande modernité. C’est aussi le récit d’une expérience transformatrice et émancipatrice qui amène l’autrice à se poser des questions essentielles sur notre façon d’habiter le monde.

EXTRAIT

« Le calendrier des montagnes est à nul autre pareil. La chronologie horizontale du temps industriel est très différente des vecteurs verticaux du temps pastoral. Hier et demain nous semblent être le même jour, mais en haut et en bas ne sont pas le même endroit.

Le mouvement part du sommet de la montagne et se dirige vers la rivière, pour remonter ensuite vers les cimes. Le temps qu’il fait évolue selon des rayons verticaux dans une montagne étagée en terrasses. Tout provient du ciel. Fleuves et rivières coulent vers la vallée. J’apprends à m’orienter grâce au son et à la lumière et à ne plus me fier purement à la forme. Quand je perds de vue le troupeau, le tintement des cloches m’indique où sont les bêtes. Le changement de temps est annoncé par un changement de lumière.

Pendant la nuit, un orage éclate. Est-ce qu’on ne devrait pas regarder la météo pour aujourd’hui ?

« Meteociel.com, fit Sásho. Non. »

Bai Anton et lui étaient du même avis : qu’il fasse beau ou pas, il faut les sortir. Il suffit de prendre un imperméable et sa bâche en plastique. Une vieille technique de berger. Rester debout sous la pluie, bâche déployée par-dessus vous comme une cabane et attendre. Avant le plastique, les bergers utilisaient des capes en feutre. Les jours d’hiver particulièrement glacials, Sásho allume un feu dans la montagne. J’ai froid rien que d’y penser.

Chaque jour a l’air identique aux autres mais a une saveur différente. Ce sont les animaux qui lui donnent ce goût, tout comme la saveur de leur lait évolue toutes les quelques semaines, imprégnée d’herbes nouvelles.

Aujourd’hui, je reste assise sur un rocher pendant que Sásho sort les bêtes de l’enclos. Le soleil est haut dans le ciel. C’est la mi-juillet. Les chiens viennent me saluer un à un, et j’ai l’impression d’être une reine sur son trône entourée de ses chevaliers. Une brebis s’approche et me dévisage, une bajoue pleine d’herbe. Dans ses yeux, je lis que c’est normal d’être un mouton, mais qu’être humain, c’est bizarre. Elle s’éloigne, placide. »

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