LES OTAGES

Contre-histoire d'un butin colonial

couve Les Otages-Tervonen-Marchialy
Derrière les objets issus des guerres coloniales que nous admirons dans les musées se trouve une histoire violente, il est temps de l’écouter.

1890 : un colonel français entre dans Ségou, ville d’Afrique de l’Ouest, et s’empare d’un trésor. Parmi les objets du butin, des bijoux et un sabre. Alors que le Sénégal réclame la restitution du sabre depuis des décennies, symbole de sa mémoire collective, la France peine à répondre, prise dans un carcan idéologique et juridique. Ironie du sort, les bijoux ont, eux, été perdus, oubliés ou volés.
Partie sur les traces de ce trésor, T. Tervonen découvre une histoire coloniale violente dont les objets sont les témoins silencieux, une histoire dont nous resterons prisonniers tant qu’elle ne sera pas racontée.

Lire l’entretien

couve Les Otages-Tervonen-Marchialy
« À travers cette enquête, c’est une partie de l’histoire française et africaine que nous redécouvrons. »
Amandine, librairie Mollat
« Une invitation à porter un nouveau regard sur notre histoire. »
Mikael, librairie Decitre Annemasse
« Un récit passionnant et instructif, très juste dans ses observations." »
Faustine, La Géothèque
« Un récit nécessaire. »
Florent, Les Oiseaux Livres
« Depuis le musée du quai Branly jusqu’au Sénégal, Taina Tervonen explore les archives du monde entier en quête d’un trésor et esquisse une Histoire coloniale à deux voix, celle du Nord et celle du Sud. »
Librairie Les Champs magnétiques
« C'est passionnant, engagé, pertinent : "Les Otages" est un roman-enquête qui ne vous quitte pas. »
Élisa, librairie Adrienne

Taina Tervonen, franco-finlandaise, a grandi au Sénégal jusqu’à l’âge de ses 15 ans et parle le wolof. Ayant appris enfant l’histoire sénégalaise, elle est surprise à son arrivée en France par le récit colonial français. Elle écrit pour des revues prestigieuses telles que Les Jours ou XXI. Les Otages est son deuxième ouvrage publié chez Marchialy après Les Fossoyeuses (2021).

PRESSE

« Une contre-enquête captivante sur les traces des butins coloniaux. »
Le Monde, Morgane le Cam
« En partant sur les traces d’un trésor de guerre volé en Afrique par les Français en 1890, la talentueuse Taina Tervonen livre une enquête passionnante sur l’histoire coloniale et ses dérives. »
La Croix, Laurence Péan
« Avec cette passionnante enquête, Taina Tervonen montre la nécessité et la complexité de restituer les objets volés au temps des colonies. »
Le Soir, Jean-Claude Vantroyen

INFOS TECHNIQUES

Littérature française
Grand reportage
978-2-38134-030-2
300 pages
20 euros
2022

DOUBLES REGARDS

Tout au long de l’écriture des Otages, Taina Tervonen s’est interrogée sur le regard qu’elle portait sur l’histoire coloniale. Un questionnement nécessaire qui a façonné la mise en forme de son récit.

 

Les protagonistes de ce livre sont des bijoux et un sabre pris dans la ville de Ségou par un général de l’armée coloniale avant d’être entreposés dans les réserves d’un musée en France. Comment êtes-vous arrivée jusqu’à eux?

Quand Emmanuel Macron a annoncé en 2017 qu’il voulait voir le patrimoine africain revenir en Afrique dans les cinq prochaines années, j’ai été surprise et curieuse du débat que cette déclaration inattendue allait déclencher. Ça n’a pas manqué. Le débat était passionné, idéologique, souvent marqué par des préjugés. Le passé colonial n’avait clairement pas été traité et encore moins digéré. J’ai eu envie de retracer le parcours de plusieurs objets, pour voir ce que cela pouvait dire sur cette histoire commune de l’Afrique et de l’Europe. J’ai choisi les objets de la prise de Ségou parce qu’ils font référence à une histoire qui m’était déjà familière par mon enfance sénégalaise : celle d’El Hadj Oumar Tall, héros de la résistance anticoloniale. Et puis, il n’y a pas que les objets qui ont voyagé. Il y a aussi le petit-fils d’El Hadj, Abdoulaye, enlevé par le général Archinard et emmené en France lui aussi. Le destin de cet enfant faisait écho aux objets, sauf que l’enfant avait une parole qu’on pouvait retrouver dans les lettres qu’il avait écrites.

 

Le mouvement Black Lives Matter a profondément remis en cause la présence d’une domination symbolique dans l’espace public (notamment en déboulonnant des statues). Cela a-t-il eu aussi un impact sur les musées?

Black Lives Matter a bousculé les musées partout dans le monde occidental. En effet, les objets gardés dans les musées dits « ethnographiques » ont pour l’immense majorité été collectés à l’époque coloniale, donc dans un rapport de pouvoir et de conquête. Ils ont parfois été volés ou sont issus de pillages. Surtout, ces objets étaient montrés en Europe pour prouver la suprématie de la civilisation occidentale sur les cultures extraeuropéennes. Nos musées sont héritiers de cette histoire, il y a eu une vraie prise de conscience à ce sujet. Comment montrer ces objets aujourd’hui ? Quel récit pour les accompagner ? Ces questions sont d’actualité dans beaucoup de musées.

 

Malgré votre enfance passée au Sénégal, vous êtes étrangère à cette histoire. Comment vous positionnez-vous?

« Dans quel camp es-tu ? » À plusieurs reprises, je me suis retrouvée face à cette question posée plus ou moins directement, comme si, face à l’histoire coloniale, il fallait choisir un camp, même cent ans après. Cela dit beaucoup sur la violence de cette histoire qui lie l’Afrique et l’Europe. Mon choix a été de la raconter depuis la France et depuis le Sénégal, à travers la parole de personnes qui ont toutes, d’une façon ou d’une autre, accompagné ces objets. Et puis il y a la parole de ceux qui ne sont plus là, mais qui nous parlent à travers les archives. Dans cette histoire, il n’y a pas de vérité unique. Il y a des faits et tellement de façons différentes de les mettre en récit. Chaque version de l’histoire amène de la nuance. C’est cette diversité que j’ai voulu raconter, tout en appliquant une démarche de journaliste qui croise les sources pour vérifier chaque information factuelle. Je crois que la voix qui m’a le plus marquée, c’est celle du jeune Abdoulaye, enlevé à sa famille, arraché à son pays, à sa langue, à sa culture, et qui devient français sans jamais oublier d’où il vient. Ses lettres disent tout ça, avec des mots d’adolescent, puis de jeune adulte. Sa colère face à la discrimination qu’il subit est d’une actualité terrible.

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