Le Prince de Kalmoukie

Un étonnant voyage dans la steppe russe

Nos origines se révèlent parfois à nous de manière inattendue.

Avez-vous déjà entendu parler de la Kalmoukie ? Une petite république de Russie dont le sport national sont les échecs et où les vestiges de l’URSS côtoient des temples bouddhistes au milieu d’une steppe aride. Serge, résidant dans le sud-ouest de la France, sait peu de choses sur ce pays jusqu’au jour où il reçoit un message étrange : des Kalmouks sont à sa recherche en tant qu’héritier d’une grande lignée de cavaliers mongols. Intrigué et désireux de renouer avec ses origines, Serge prend un aller simple direction les terres kalmoukes, où il est accueilli comme un prince, alors même que ses ressortissants font tout pour fuir cet État isolé et la guerre qui s’installe à quelques kilomètres de là, en Ukraine. À travers ce destin incroyable, Marine Dumeurger dresse le portrait de cette République étonnante malmenée par l’histoire et les grandes puissances, à mille lieues de nos représentations de la Russie.

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Journaliste indépendante française, MARINE DUMEURGER travaille principalement pour Libération et le magazine Géo. Elle a écrit de nombreux reportages sur la Russie où elle a vécu plusieurs années. Le Prince de Kalmoukie est son premier livre.

EXTRAIT

« Là-bas, loin des boulevards, du béton et des relents soviétiques, il paraît que des antilopes au nez en forme de trompe vagabondent dans la steppe, que les dunes avancent sur les villages et engloutissent les fermes. Je me demande bien pourquoi les locaux sont toujours aussi inquiets pour les voyageurs... »
Marine Dumeurger

INFOS TECHNIQUES

Littérature française
Grand reportage
978-2-38134-042-5
250 pages
21.10 euros
2020

Poursuivez l'aventure

UN ÉTAT À LA MARGE

Marine Dumeurger revient sur les motivations qui l’ont poussée à s’intéresser à la Kalmoukie et à la trajectoire singulière de Serge.

« Il voulait faire de la Kalmoukie la capitale mondiale des échecs. »

Comment as-tu entendu parler de la Kalmoukie la première fois ?

C’était en 2010, grâce au photographe russe avec qui je travaillais. Je m’étais installée à Moscou comme journaliste indépendante, où je suis restée pendant deux ans. Ensemble, nous cherchions des sujets à proposer à la presse française. En Russie, je m’intéresse particulièrement aux régions, je cherche à m’éloigner de la capitale, où les sujets traités sont souvent purement politiques. Avec l’envie de voir comment les gens vivent en Sibérie, dans le Caucase, parfois dans des conditions extrêmes. À ce moment-là, mon collègue revenait tout juste d’un reportage en Kalmoukie. Il m’a appris l’existence de cette région du sud-ouest de la Russie. Comme la plupart des Russes, je n’en avais jamais entendu parler. Malheureusement, nous n’avons pas pu y aller à cette époque. Mais l’idée et l’envie sont restées.

Qu’est-ce qui a piqué ta curiosité pour cette petite république en marge de la Russie ?

Tout un tas de choses, car c’est un endroit singulier. Déjà, la plupart de ses habitants sont bouddhistes. Il existe d’autres région bouddhistes en Russie, mais elles sont toutes à l’est, au contraire de la Kalmoukie située côté européen, pas si loin de l’Ukraine d’ailleurs. Ensuite, visuellement, c’est une des régions les plus pauvres de Russie. L’architecture soviétique y côtoie des temples bouddhistes au beau milieu de la steppe. Son histoire est particulière aussi : peuplée de nomades mongols, la Kalmoukie a fait les frais des violences du XXe siècle, entre répressions, collaborations et déportations. Et puis, récemment, il y a eu Kirsan Ilioumjinov, son ancien dirigeant. Durant ses dix-sept années au pouvoir, il a défrayé la chronique. Il voulait faire de la Kalmoukie la capitale mondiale des échecs. Il avait des projets fous qu’il finançait grâce à l’argent public. Il aimait raconter s’être fait enlever par des extraterrestres. Aujourd’hui, c’est un ancien champion de kick-boxing qui gouverne.

Peux-tu nous présenter en quelques mots le parcours singulier de Serge ?

Serge est un descendant de Russes blancs, c’est-à-dire qu’il descend de plusieurs familles aristocratiques qui ont fui la Russie au moment de la révolution de 1917 : d’une part, celle prestigieuse du poète Alexandre Pouchkine via son père ; d’autre part, une lignée d’anciens princes kalmouks via sa mère. Il menait une vie ordinaire dans le sud-ouest de la France jusqu’à ce qu’en 2018 le gouvernement kalmouk l’invite à venir visiter la Kalmoukie. Là-bas, il a été accueilli comme un prince, avec tant d’honneurs qu’il a décidé de s’y installer. Normalement, les expatriés vivent dans les grandes villes, à Moscou, à Saint-Pétersbourg, ce qui n’est pas son cas. Il loue une maison avec son père et son chien dans le quartier des Échecs (Chess City), bâti par Kirsan Ilioumjinov. Depuis, il cherche à obtenir son passeport russe, mais la situation s’est bien compliquée depuis la guerre en Ukraine et l’administration lui en fait voir de toutes les couleurs.

 

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